Chemin de sainteté

Si je vous posais la question comme ça, à brûle pourpoint : « Quelle est la plus grande nation preneuse d’otages ? »  Que me répondriez-vous ? L’Irak, l’Iran, l’Algérie, l’Afghanistan ou encore la Colombie, ou que sais-je ? Pourtant vous seriez loin de la vérité.

Prendre des otages est criminel, mais on le sait par l’histoire, y compris biblique, c’est de bonne guerre, aussi terrible que celui puisse être ! Il y a des prises d’otages crapuleuses, l’attaque d’une banque par exemple et celles à caractère politique : Carlos et ses détournements d’avion ou encore le siège de l’OPEP à Vienne dans les années soixante dix. Il existe aussi des prises d’otages à caractère religieux nous connaissons tous l’ignoble chantage à la vie que les gens d’Al Qaida et leurs branches organisées comme une multi nationale, exercent aujourd’hui ici ou là !

Et puis il y a toutes ces « petites prises d’otages » au quotidien, vous savez celles que les media relatent avec ces propos lénifiants : « Les usagers du RER B pris en otages par une grève surprise des agents de sécurité » ou encore ceci : « Des milliers de passagers bloqués pendant vingt quatre heures dans les aéroports de Paris à cause d’une grève d’une partie du personnel au sol ! » Et que dire des blocages des dépôts de carburant qui pénalisent qui, à votre avis ? Ceux qui voudraient juste travailler !

Vendredi 24 septembre 2010, je suis en partance pour une mission dans l’église d’Antibes. Je pars à l’heure, j’arrive avant l’heure, l’embarquement est prévu à l’heure et tout se passe bien : mon avion pour Nice décolle quinze minutes plus tard, tout est OK ;… quand notre commandant de bord, désolé, nous fait savoir que nous ne décollerons pas avant quarante minutes à cause d’un mouvement social des aiguilleurs du ciel du sud-est de la France. Résultat, nous avons décollé avec près d’une heure de retard ! En soi, ce n’est pas si grave, mais à la longue, on finit par se rendre compte que le plus grand pays preneur d’otages, c’est la France ! Pour un oui, pour un non, on prend les gens otage, on leur fait payer la moindre agression sur telle ligne de bus, la moindre petite menace touchant aux désormais fameux acquis sociaux, et une minorité de personnes prend en otage des millions de voyageurs, d’usagers, d’entreprises ! C’est assez incroyable mais c’est la réalité.

Il y a longtemps que les affaires de retraite à plus de soixante ans sont réglées par les gouvernements successifs. Personne, même avec ses trimestres, ne part plus avec une retraite complète aujourd’hui et ce, déjà depuis un moment (à peu près quatre vingt pour cent de la retraite réelle), mais les syndicats continuent de faire croire à des millions de gens que les grèves à répétition vont y changer quelque chose ! En attendant, il est de plus en plus compliqué de travailler en France.

Quelqu’un me dira – t-il que la comparaison entre prises d’otages sanglantes et ces prises d’otages « à la bonne franquette » est osée et déplacée ! Finalement, je ne crois pas qu’elle le soit tant que ça. En France, certes, et heureusement, on n’égorge pas de moines, on ne tue pas de vieillards malades comme les lâches camarades « de combat » d’Oussama Ben Laden, on ne tue pas d’innocents, mais à la longue c’est toute une économie qu’on étouffe à petit feu ; c’est le système du travail et des retraites qu’on assassine, c’est juste un carnage au plan de l’avenir d’un pays, de son image et de sa respectabilité !

Dire que ça suffit, que la grève, ce sont toujours les mêmes qui la font etc.… est tellement banal que j’ose à peine l’écrire, et pourtant ! Les seuls vrais mouvements de grèves qui aient changé les choses en France (1936, 1968) étaient à l’initiative des Français et furent ensuite plus ou moins bien récupérés par les syndicats et certains partis politiques. Tout le reste n’est que du brassage d’air inutile, de « l’occupe syndicaliste » et pas mal de grains à moudre pour nos média, mais ceci n’engage que moi ! !

Moi, j’aime mon pays et j’ai envie de le voir sortir de ses lourds problèmes économiques qui vont plomber la France à terme et la faire couler. Si nous pouvions prendre conscience que ce n’est pas en prenant des innocents en otages pour un oui ou pour un non que les choses évolueront, ce serait tellement bien ! Je crois encore au miracle moi !

Samuel Foucart

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