« Vous craignez d'être raillé ? Ah ! malheureux ! » (Saint Curé d’Ars)
« […] Quand est-ce que nous agissons par respect humain ?
C'est un jour que vous étiez à la foire, ou dans une auberge où l'on
mangeait de la viande
un jour défendu et que l'un vous pria d'en manger ; que, vous
contentant de baisser les yeux et de rougir, au lieu de dire que vous
étiez chrétien, que votre religion vous le défendait, vous en
mangeâtes comme les autres, en disant : Si je ne fais pas comme les
autres, on se moquera de moi. […] Vous craignez d'être raillé ? Ah !
malheureux, regardez Jésus-Christ sur la croix, et vous
verrez ce qu'il a fait pour vous. Vous ne savez pas quand vous avez renié Jésus-Christ ?
C'est un jour qu'étant avec deux ou
trois personnes, il semblait que vous n'aviez point de mains, ou que
vous ne saviez pas faire le signe de la croix, et que vous regardiez si
l'on avait les yeux sur vous, et que vous vous êtes
contenté de dire votre Benedicite ou vos grâces dans votre coeur, ou
bien que vous allâtes dans un coin pour les dire. C'est lorsque,
passant vers une croix, vous fîtes semblant, de ne pas la
voir, ou bien vous disiez que ce n'est pas pour nous que le bon Dieu
est mort. Vous ne savez pas quand vous avez eu du respect humain
? C'est un jour, que, vous trouvant dans une société, où l'on disait de sales paroles contre la sainte vertu de pureté,
ou contre la religion, vous n'osâtes pas reprendre ces personnes, et
bien plus, dans la crainte que l'on vous
raille, vous en avez souri. - Mais, me direz-vous, l'on est bien
forcé, sans quoi l'on serait trop souvent raillé. - Vous craignez, mon
ami, d'être raillé ? Ce fut bien aussi cette crainte qui
porta saint Pierre à renier son divin Maître ; mais cela n'empêcha
pas qu'il commit un gros péché qu'il pleura toute sa vie. Vous ne savez pas quand vous avez eu du respect humain ?
C'est un jour que le bon Dieu
vous donna la pensée d'aller vous confesser, vous sentiez que vous
en aviez bien besoin, mais vous pensâtes que l'on se moquerait de vous,
que l'on vous traiterait de dévot. C'est une fois que
vous aviez la pensée d'aller à la sainte Messe dans la semaine, et
que vous pouviez y aller ; vous avez dit en vous-même que l'on se
moquerait de vous [...]. Combien de fois ce maudit respect
humain vous a empêché d'assister au catéchisme, à la prière du soir !
Combien de fois, étant chez vous et faisant quelques prières ou
quelques lectures de piété, vous êtes-vous caché voyant venir
quelqu'un ! [...] Combien de fois vous n'avez pas osé dire votre
Angelus devant le monde, ou vous vous êtes contenté de le dire dans
votre coeur, ou vous êtes sorti pour le dire dehors ! Combien
de fois vous n'avez point fait de prières le matin ou le soir, parce
que vous vous êtes trouvé avec des personnes qui n'en faisaient point ;
et tout cela, de crainte que l'on ne se moquât de vous
! Allez, pauvre esclave du monde, attendez l'enfer où vous serez
précipité ; vous aurez bien le temps de regretter le bien que le monde
vous a empêché de faire […] ».
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