Chemin de sainteté

Chemin de sainteté

Pour une liturgie digne

"(...) aujourd'hui, (...) il nous faut réapprendre l'ars celebrandi qui convient au divin Sacrifice.

C'est une réforme longue et difficile, car elle ne se fait pas par décret (...) mais par l'exemple, par l'exhortation, par l'enseignement, par la supplique. Et, en y regardant de plus près, il s'agit de ce que le Saint-Père tente actuellement, avec la grande prudence qui le caractérise.

Notre Pape, tout en restant dans les limites rituelles (...) de la "Messe de Paul VI", lui donne une emphase, une dignité, par des usages directement hérités de la Tradition de l'Eglise, et de son magistère d'avant Vatican II. Premier Pape depuis bien longtemps à se préoccuper de la question liturgique, il a cerné l'ampleur du problème dans son instruction "Redemptionis Sacramentum sur certaines choses à observer et à éviter concernant la très sainte Eucharistie". Par son exemple et sa parole il incite l'Eglise universelle à donner la dignité qu'elle demande à la sainte Messe.

L'usage le plus important et vénérable, qu'il est absolument nécessaire de réintroduire largement, est la position de célébration face à l'Est liturgique. En effet, célébrer versus populum est une chose (...) qui introduit une dimension de nombrilisme dans une assemblée fermée sur elle-même, et non dans une position priante, tournée vers son Sauveur. Elle apporte une emphase malvenue à la personne du prêtre, non qu'il ne faille pas qu'il soit reconnaissable, mais il doit, lorsqu'il célèbre la Messe, s'effacer devant Celui au nom de qui il célèbre, devant le mystère qui s'accomplit par ses mains. Cette position nuit subséquemment à la sacralité de la Messe.

Le pape Benoît XVI, par son exemple, tente de réintroduire la position traditionnelle, notamment en célébrant ainsi en la chapelle Sixtine, et dans sa chapelle privée. (...)

Le deuxième usage capital à réintroduire systématiquement, dont dépend pratiquement le salut des fidèles, puisqu'il touche au Saint-Sacrement, est la réception de la communion à genoux, dans la bouche. (...) Notre Saint-Père donne systématiquement la communion ainsi, et encourage l'Eglise universelle à faire de même: "Nous, chrétiens, nous nous agenouillons seulement devant le Saint-Sacrement parce que, en lui, nous savons et croyons être en présence de l'unique et vrai Dieu"; "Je suis convaincu de l'urgence de donner à nouveau l'hostie aux fidèles directement dans la bouche, sans qu'ils la touchent () et de revenir à la génuflexion au moment de la communion en signe de respect" (22 Mai 2007).

La communion dans la bouche a, Dieu merci, mieux survécu aux bouleversements [qui ont fait suite au] Concile que la célébration ad orientem (...). Néanmoins, l'agenouillement demeure rare, notamment à cause de la disparition des bancs de communion des sanctuaires. A ce sujet, la récente Lettre pastorale du 7 octobre 2009 de S. E. Mgr Malcolm Ranjith, Archevêque de Colombo (Sri Lanka), à tous les fidèles de son diocèse, est d'un haut intérêt. Il y écrit notamment: "la Très Sainte Eucharistie doit être administrée avec le plus grand soin et le plus grand respect, et ce uniquement par ceux qui sont autorisés à le faire. Tous les ministres, habituels comme extraordinaires, doivent être revêtus des ornements liturgiques corrects. Je recommande à tous les fidèles, y compris aux religieux, de communier avec respect, à genoux et sur la langue. La pratique de l'auto-communion est interdite et je demanderai humblement à tout prêtre qui la permettrait de suspendre immédiatement cette pratique".

Notons que S.E. Mgr Ranjith a été le Secrétaire de la Congrégation pour le Culte divin et la discipline des Sacrements.

Le troisième axe de la restauration de l'ars celebrandi est sans conteste l'art sacré, et la manière d'en disposer dans les églises.

En premier lieu, la musique. Il est capital que le chant grégorien, le chant de l'Eglise, celui qu'elle a créé et qui a donné naissance à toute la tradition musicale occidentale, renaisse en paroisses. Ce n'était pas dans les visées de la réforme liturgique de le faire disparaitre. En effet, la Constitution De Sacra Liturgia, promulguée le 4.12.1963, déclare en son chapitre II article, 116: "L'Eglise reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine; c'est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales par ailleurs, doit occuper la première place...".

Il est également dans les voeux du pape qu'intervienne une restauration grégorienne dans les paroisses, comme en témoigne son exhortation Sacramentum Caritatis du 22 Février 2007: "De façon plus générale, je demande à tous les futurs prêtres, dès le temps du séminaire, qu'ils soient préparés à comprendre et à célébrer la Messe en latin, ainsi qu'à utiliser des textes latins et à utiliser le chant grégorien; aucun effort ne devra être négligé en ce qui concerne les fidèles eux mêmes, pour qu'ils sachent l'ensemble des prières communes en latin et qu'en même temps ils connaissent les parties de la liturgie qui doivent être chantées en chant grégorien."

Une telle restauration sera extrêmement difficile - ne nous voilons pas la face - de par la perte de la mémoire du chant grégorien par les assemblées, et l'attachement des prêtres et des "laïcs engagés" aux mélodies généralement de peu de valeur qui sont désormais la norme pendant la Messe. (...)
La musique polyphonique aussi doit retrouver le chemin de l'église. Malgré ce qu'en disent les actes du Concile Vatican II: "Le trésor de la musique sacrée sera conservé et cultivé avec la plus grande sollicitude. Les Scholae cantorum seront assidûment développés, surtout auprès des églises, cathédrales" (De Sacra Liturgia), la plupart des maîtrises cathédrales ont disparues, l'Angleterre et l'Allemagne seules ayant encore des maîtrises d'excellent niveau. Quant aux chorales paroissiales, n'en parlons pas. Il faut cependant noter une timide renaissance de la tradition maitrisienne en Europe, notamment grâce à la Fédération Internationale des Pueri Cantores. (...)

En deuxième lieu, l'art sacré mobilier et architectural doit également être restauré, et utilisé à bon escient. Là également, le chemin sera long. Une telle restauration passe en effet par la promotion d'un art et d'une architecture sacrés s'enracinant dans la Tradition et non dans les idées du temps. (...) Il est nécessaire que l'art sacré soit figuratif, afin d'édifier les fidèles, et que l'architecture sacrée contemporaine se réapproprie les plans cruciforme et basilical, et abandonne les plans carré et circulaire, témoins d'un archéologisme malvenu.

(...) Mais l'exemple du pape ne donnera pas comme par magie l'idée de faire renaître les usages anciens et légitimes à un clergé qui les refuse, par manque d'imagination ou par idéologie.

C'est donc aux laïcs de s'investir dans les paroisses, de demander à leur curé de donner à la Messe - qui appartient à l'ensemble de l'Eglise - la dignité qu'un si grand Mystère demande.


Article trouvé ici. (La source principale est citée sur le site Pro Liturgia)


21/06/2010
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