Chemin de sainteté

Chemin de sainteté

" Lève les yeux, tiens le cap. "

" De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé. "

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Jean, chapitre 3, verset 14

 

Je suis fasciné depuis longtemps par les verbes à l’impératif utilisés par Jésus dans l’Évangile. Les ordres qu’il nous donne. On croit parfois que le christianisme ne consiste pas d’abord en des choses à faire. Je n’en suis pas si sûr.


Par exemple, « faites ceci en mémoire de moi ». Bien sûr j’entends qu’il faut croire au mystère de l’eucharistie, qu’il faut participer à la messe de tout son cœur. Bien sûr. Mais j’entends aussi qu’il faut aller à la messe parce qu’il l’a dit, parce qu’il faut y aller, tout simplement. Pas comme le fruit de ce que je ressens. D’ailleurs, il vaut mieux ne pas me demander ce que je ressens le dimanche matin au fond de mon lit, surtout en hiver.


Je ne dis pas qu’il faut faire les choses par pure obligation, mais plutôt que trop souvent nous nous laissons dominer par notre sentiment, et que les choses à faire, nous ne les faisons pas. Sous prétexte qu’on ne comprend pas, qu’on ne sent pas, qu’on n’est pas à fond, on laisse tomber. On se trouve des justifications. Nos impressions passagères nous dominent et nous empêchent de vivre ce que nous voulons vivre.


Par exemple, l’ordre d’aller annoncer la parole de Dieu et de baptiser les nations est assez clair lui aussi. Je ne dis pas qu’il est totalement univoque et que nous devons tous le faire de la même manière. À chacun de trouver sa propre façon d’y répondre. Mais en tout cas, pas de l’esquiver : mais bien de le faire.

 

Mais le plus fascinant, en fait, ce sont des ordres comme « Aimez ! » ou encore « Réjouissez-vous ! ». Tout à coup, on change de dimension. 


Autant je peux essayer de me demander comment j’évangélise dans ma vie de tous les jours, autant c’est difficile d’obéir à l’ordre d’aimer ou de se réjouir.


Vas-y, aime ! Allez, réjouis-toi ! Et il y en a d’autres, comme par exemple lorsque Jésus dit à Thomas : « Crois ! », quand il dit au paralytique : « Guéris ! » ou aux disciples : « Ne craignez pas ! » Voilà qui est réellement fascinant, parce que c’est clair qu’on ne parle plus de notre sentiment, de ce qu’on ressent d’amour ou de haine, de peur ou de confiance. Vous me direz, je peux bien me forcer à faire semblant d’aimer, pendant un temps, je peux me convaincre que j’aime, mais cet amour-là, il est bien médiocre, si l’on peut encore appeler ça de l’amour. À quelqu’un qui a peur, il ne suffit pas de dire « n’aie pas peur ! », et encore moins à quelqu’un de triste « Réjouis-toi ! ». La comédie risque de ne pas durer longtemps.


Alors quel est cet amour qui nous est commandé par Jésus, de quelle joie s’agit-il, sinon d’un amour et d’une joie objectifs, que l’on peut choisir ? Il nous commande d’aimer, d’être heureux, de guérir ou de ne plus avoir peur. Que faisons-nous ? Que répondons-nous ? « Seigneur, Seigneur ! », en essayant de nous convaincre nous-mêmes que nous aimons, que nous sommes guéris et heureux ?


En fait, j’ai l’impression que le plus souvent nous ignorons ces commandements, nous ne les prenons pas au sérieux, ou nous attendons qu’ils se réalisent, sans bouger, et sans rien faire. Ou plutôt, en nous plaignant que nous sommes malheureux, seuls, blessés et sans amour. 
Au contraire, je pense qu’il nous faut prendre ces ordres très au sérieux, et choisir aujourd’hui d’aimer, d’avoir la foi, de guérir et de ne plus avoir peur. Choisir d’être heureux. Tenir ce cap, malgré les tempêtes, les sentiments intérieurs souvent contradictoires, les crises de nos bons vieux démons trop bien connus.


Des tempêtes et des accidents, il y en a eu, et il y en aura encore. N’importe qui le sait. Mais ce que je sais aussi, c’est que jamais je ne trouverai le bonheur, la guérison, le pardon, si je laisse ma barque dériver avec le courant. Et je sais même très bien ce que je trouverai si je me laisse dériver. Je ne trouverai que ce que j’apporte avec moi dans ma barque : moi, moi-moi-moi. Et pas grand chose pour tenir dans les tempêtes. Vous connaissez des gens qui n’ont jamais croisé une tempête ? Celui qui attend que les conditions météo soient favorables risque d’attendre longtemps avant d’embarquer. 


Au contraire, il faut partir et tenir le cap de la joie dans notre vie. C’est un commandement. Tirer les bords qu’il faut pour ne pas perdre de vue le cap de l’amour. Obéir à ces ordres, parce qu’ils contiennent la vie, bien plus que tout ce que nous pouvons ressentir dans nos émotions passagères et superficielles. Choisir de guérir. En tout cas, mettre le cap sur la guérison. Garder le pardon en ligne de mire.


Voici ce qu’est pour moi ce mystérieux serpent de bronze élevé dans le désert qui guérissait ceux qui le regardaient. Voici ce qu’est la résurrection du Christ. Un cap objectif à se fixer, et à tenir. On s’en éloigne parfois, on se perd aussi, mais on le retrouve. On apprend de ses erreurs. Et on se relève, les yeux fixés sur le cap.


Où en es-tu de la joie dans ta vie ? As-tu choisi de mettre le cap sur l’amour ? Un amour objectif, vrai, lumineux, qui est prêt à mourir pour ne pas renoncer à lui-même. « Comme je vous ai aimés. »

 

 

Source : Retraite dans la Ville.

 

 

A lire aussi :

 

- " Guéris !"

 

- " Pardonne ! " 

 

- " Réjouis-toi ! "

 

- " Veille ! "

 



28/03/2012
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